Une tentative d'installation d'une population de faisans communs, Phasianus colchicus, menée dans l'Yonne de 1985 à 1989 par le lâcher annuel de 1500 faisans d'élevage s'était soldée par un échec. L'introduction de près de 2000 faisans d'élevage munis de ponchos par an a été reconduite sur le même site pendant trois ans, de 1990 à 1992, parallèlement à la mise en place d'une limitation des principaux mammifères prédateurs (renard: Vulpes vulpes, martre : Martes martes et fouine: Martes foina) par piégeage, tir de nuit et chasse. Un indice d'abondance de carnivores, toutes espèces confondues, a été établi par le dénombrement bimensuel des excréments sur quatre transects fixes de 2,3 à 2,7 km chacun. Un indice d'abondance du renard a été établi en automne et au printemps par 9 à 14 comptages nocturnes sur un itinéraire éclairé de 24,5 km. Le régime alimentaire des carnivores a été établi par l'examen des crottes récoltées sur itinéraires. Les causes de mortalité et la survie des faisans ont été mesurées sur des lots d'oiseaux d'élevage (n = 257) et sauvages transplantés (n = 72) suivis par radio-pistage. La prédation a été la cause principale de mortalité des faisans d'élevage (89 % des cas de mortalité, = 183) et des faisans sauvages (88% des cas de mortalité, n = 30) suivis par radio-pistage. Le renard a été à l'origine de 75% des cas de prédation sur les faisans d'élevage (n = 152) et de 65% des cas de prédation sur les faisans sauvages (n = 23). La fréquence d'apparition des oiseaux dans les fèces de renard (n = 718) a été plus forte en hiver qu'en été. Elle a été multipliée par 2 à 4 dans les quinze jours qui ont suivi les lâchers d'hiver (p = 0,04) comme d'été (p = 0,04). Les variations inter-annuelles significatives de l'indice d'abondance du renard en automne (P < 0,01) et du nombre de crottes observées sur les transects au printemps en été (P < 0,001) suggèrent que le nombre de carnivores a diminué au cours des trois années de limitation intensive des prédateurs. Par rapport à la période 1985-1989, sans limitation des prédateurs, l'implantation du faisan sur le site n'a cependant pas été meilleure durant la période 1990-1992, avec limitation des prédateurs terrestres. En effet, sur l'ensemble de la population lâchée, le nombre de faisans d'élevage encore observés au printemps a varié de 1,2% à 8,5 % pour la période 1990-1992 contre 6% à 10% pour la période 1985-1989. De 1990 à 1992, la survie des faisans d'élevage n'a pas varié au fil des ans (lâchers d'hiver: p = 0,97; lâchers d'été: p = = 0,06). Le pourcentage moyen de faisans d'élevages encore en vie à la fin du deuxième mois était respectivement de 13,4 % pour les lâchers d'hiver et de 22,9 % pour les lâchers d'été. Au bout de six mois, ce pourcentage était respectivement de 0% et 4 %. La survie des faisans sauvages transplantés a été supérieure à celle des oiseaux d'élevage (P < 0,001), en raison d'une moindre sensibilité à la prédation. Pour les lâchers d'été, la survie des faisans sauvages n'a pas varié d'une année à l'autre (p = 0,13) et les pourcentages moyens de faisans sauvages encore en vie étaient de 64,2 % à la fin du deuxième mois et de 60,8 % à la fin du sixième mois. Pour les lâchers d'hiver, la survie a été meilleure au cours de la dernière année de limitation des prédateurs (p = 0,02). Le pourcentage de faisans sauvages encore en vie a atteint 80 % à la fin du deuxième mois et 60,8% à la fin du sixième mois. L'échec de l'opération de repeuplement avec des faisans d'élevage est attribué au comportement de «surplus killing» des renards, par lequel un petit nombre de prédateurs tuent un grand nombre de proies faciles sans les consommer, et à un comportement antipré

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